Vaikava Rapa Nui
Le peuple rapa nui de l’île de Pâques perpétue son rôle traditionnel de gardien de l’océan
Cette fiche d’information a été mise à jour le 17 juillet 2020 et se trouve ici.
L’île de Pâques, Rapa Nui dans la langue autochtone, territoire chilien situé à quelque 4 000 kilomètres à l’ouest du littoral du pays, est mondialement connue pour ses statues monumentales, les moaï, classées au patrimoine mondial de l’UNESCO. Désormais, les richesses que recèlent les eaux autour de cette île isolée sont également préservées, grâce à la création en 2018 de Aire Marine Protégée Cotière à Usage Multiple de Rapa Nui. Ces eaux, qui abritent une biodiversité unique, nourrissent le peuple autochtone de Rapa Nui et l’aident à perpétuer des traditions séculaires.
Bien qu’encore largement inexplorées, les eaux de l’île de Pâques sont réputées renfermer des zones géologiques remarquables fourmillant de vie, dans une partie de l’océan Pacifique pourtant extrêmement pauvre en nutriments. Une chaîne de monts sous-marins offre des conditions permettant la subsistance d’une faune sauvage unique, dont le poisson-papillon de l’île de Pâques, ou tipi tipi dans la langue locale, et le Priacanthus nasca, deux parmi plus de 140 espèces endémiques des eaux de Rapa Nui. Selon l’Union internationale pour la conservation de la nature, la région abrite également 27 espèces menacées ou en voie d’extinction et constitue une aire de reproduction importante pour de nombreuses espèces, dont le thon, le makaire et l’espadon. Par ailleurs, les fonds marins au large de l’île abritent les seules sources hydrothermales des eaux chiliennes.
La surpêche menace la biodiversité de l’île
Les flottes de pêche commerciale cherchent de plus en plus à exploiter tous les recoins des océans du monde. Si rien n’est fait, cette activité pourrait dégrader l’environnement marin exceptionnel de l’île de Pâques rapidement et de façon irréversible.
Pour se prémunir contre cette éventualité, la communauté pascuane a travaillé à la création d’une grande AMP autour de l’île dans laquelle la pêche commerciale et industrielle et les autres activités d’extraction seront interdites, tandis que les pratiques de pêche traditionnelles seront préservées. Pew et Bertarelli, au travers du projet Héritage des océans, ont collaboré avec les insulaires pour mettre en place cette initiative. Le peuple pascuan devient ainsi un leader mondial de la conservation des océans et de la préservation d’une culture autochtone étroitement liée à la mer.
L’AMP perpétue une tradition de la conservation
Après des années d’efforts de la part des Pascuans pour protéger leurs écosystèmes marins uniques, la présidente chilienne Michelle Bachelet a signé le décret de création de l’AMP de Rapa Nui le 27 février 2018.
En obtenant l’officialisation de l’AMP et en jouant un rôle essentiel dans sa gestion, les Pascuans protègent des eaux qui occupent une place centrale dans les anciennes traditions, comme la pratique ancestrale consistant à utiliser des lignes tenues à la main et lestées de pierres pour attraper des poissons. En outre, l’établissement de l’AMP de Rapa Nui permettra de lutter contre la pêche illégale dans les eaux de la région. En effet, les données satellitaires recueillies et analysées dans le cadre d’un projet financé par Pew et la fondation Bertarelli révèlent que, malgré l’isolement de l’île, la pêche illicite n’a pas cessé dans les eaux environnantes.
Le peuple pascuan est lié à la mer par une longue tradition de navigation
Les anciens Polynésiens ont navigué à travers l’océan Pacifique pendant des milliers d’années, s’orientant à l’aide des étoiles et des courants. Ces talents de navigation et le lien profond qui unit les Pascuans à l’océan ont contribué à façonner la culture de ce peuple. La protection des eaux de l’île de Pâques permet aux autochtones d’entretenir et de renforcer leur attachement à leur environnement naturel et à leurs ancêtres.