Questions-réponses : les maires de Polynésie française soutiennent la protection de l'océan Pacifique Sud et de ses traditions

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Questions-réponses : les maires de Polynésie française soutiennent la protection de l'océan Pacifique Sud et de ses traditions
Vue aérienne de la baie de Taiohae sur l'île de Nuku Hiva dans l'archipel des Marquises en Polynésie française.
Thomas Athenol Shutterstock

Le président de la Polynésie française Édouard Fritch s’est récemment engagé à créer un réseau d’Aires Marines Protégées de plus d’un million de km² au sein de la Zone Economique Exclusive (ZEE) Polynésienne lors du sommet One Ocean Summit à Brest en France. Il a annoncé la création d’une nouvelle Aire Marine Protégée et de zones côtières réservées à la pêche artisanale aux abords de chacune des 118 îles polynésiennes.

Tuanainai Narii, maire de Rapa, îles Australes
SPCPF Manu’a Vecker-Sue

L'action du président Fritch offrira des bénéfices écologiques notables pour les poissons du large vivant dans ces riches eaux du Pacifique Sud, et pour les populations locales qui dépendent d’un océan en bonne santé.

Alors que les nouvelles mesures constituent une avancée majeure vers la protection de l’océan en Polynésie française, les maires des îles Australes et Marquises continuent de plaider pour la création de grandes aires marines hautement protégées (AMP) dans leur archipel et la concrétisation des annonces du président - un objectif soutenu par le projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Polynésie française.

La Polynésie française, territoire français d'outre-mer dans l'océan Pacifique Sud, détient la plus grande ZEE contiguë du monde. La ZEE a été désignée comme aire marine gérée par le gouvernement local en 2018, pour concilier la préservation de l'environnement marin et le développement durable de la pêche.

Le projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Polynésie française a interrogé deux maires - l'un des Australes et l'autre représentant les Marquises - pour savoir pourquoi des mesures de protections marines supplémentaires sont essentielles pour l'avenir de la Polynésie française et la santé de la vie marine.

Ci-dessous, une conversation entre Donatien Tanret, responsable du projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Polynésie française, Tuanainai Narii le maire de l'île de Rapa aux Australe, et Benoit Kautai, maire de Nuku Hiva et président de la Communauté de Communes des Îles Marquises (CODIM).

Pourquoi est-il si important de protéger les eaux océaniques de votre archipel? 

Benoît Kautai, maire de Nuku Hiva, îles Marquises
SPCPF Manu’a Vecker-Sue

Benoit Kautai: C'est une question d’héritage et de sécurité alimentaire. Aujourd'hui, les pêcheurs constatent une diminution des ressources qui les oblige à aller pêcher beaucoup plus loin des côtes. Je pense à nos enfants et petits-enfants qui nous regarderont plus tard et se demanderont ce que nous avons fait.

Tuanainai Narii: Les polynésiens sont un peuple de la mer. L’océan relie nos îles et notre peuple. Aux Australes, tout le monde pratique la pêche pour l’autoconsommation.

En tant que maire, j’ai la responsabilité de représenter ma population, qui s’investit depuis des décennies pour conserver son mode de vie préservé et protéger le garde-manger que nous offre la nature et l’océan.

Nous devons choisir nous-même la destinée de notre océan. Ce n'est pas aux autres de choisir pour nous. Un gouvernement doit écouter sa population et travailler main dans la main avec son peuple, et nous continuons d’œuvrer dans ce sens.

Sans protection marine efficace, comment voyez-vous l'avenir - pour la population et la nature ?

Tuanainai Narii: Rapa est l'île la plus isolée et la plus éloignée de la Polynésie française. Dans ces conditions, nous sommes fortement dépendants des ressources naturelles. Sans mesures de protection efficaces, notre avenir et notre mode de vie pourraient être mis en péril. C’est ce que nous constatons dans d'autres îles qui ne disposent pas des mesures de protection nécessaires.

Qu'en est-il des efforts locaux ou traditionnels ?

Tuanainai Narii: Rapa est la première île de Polynésie française à avoir rétabli un rahui autour de l'île, dans les années 1980.

Rappelez-nous ce que c'est ?

Tuanainai Narii: C’est une pratique traditionnelle consistant à limiter l'accès à une zone ou à une ressource comme moyen de conservation. Aujourd'hui, nous assistons à une diminution des ressources pélagiques, comme le thon, nous devons étendre le rahui à nos eaux du large.

Benoit Kautai: Nos ancêtres avaient déjà mis en place des restrictions, que l’on appelle ahui au nord des Marquises et kahui au sud, pour réguler la consommation des ressources en rendant Tapu (sacré) certaines ressources.

Ua Huka est la première île de l’archipel à avoir mis en place un Ahui sous la forme d’une zone de zone de pêche règlementée et notre souhait est de voir ce dispositif étendu à toutes les îles de l’archipel. La Communauté de Communes des Îles Marquise (CODIM), les communes des 6 îles, la Direction des Ressources Marines, le programme Héritage des océans de Pew et Bertarelli et la Fédération des Associations de Protection de l’Environnement FAPE Te Ora Naho travaillent actuellement sur ce projet. 

Que proposez-vous maintenant ?

Tuanainai Narii: Un premier projet de grande aire marine protégé aux Australes, le Rahui Nui no Tuhaa Pae, avait été proposé en 2016. En décembre 2021, les maires des Australes ont soumis une nouvelle proposition de consensus au gouvernement qui permettrait la création d’une zone contiguë s'étendant sur 50 milles nautiques autour des deux groupes d'îles (Maria, Rimatara, Rurutu, Tubuai et Raivavae dans une zone, et Rapa et Marotiri dans une seconde zone) où seule la pêche artisanale serait autorisée. De plus, nous proposons la création d’une grande zone de protection forte commençant à 50 milles marins et s'étendant jusqu'à 200 milles marins autour de Rapa et Marotiri. La superficie totale du projet d’aire marine protégée couvrirait un total d’environ 680 000 kilomètres carrés (263 000 milles carrés).

Benoit Kautai: La CODIM et la population marquisienne portent depuis plusieurs années un projet de grande aire marine protégée, Te Tai Nui a Hau, l’océan de paix, qui pourrait tout à fait s’intégrer dans l’aire marine gérée du Pays. 

Ce sont des projets qui mettent du temps à se réaliser parce qu’il faut passer par des étapes de consultation de la population, des scientifiques et des autorités compétentes qui sont le Pays et l’État, chacun dans leur domaine.

Le projet Te Tai Nui a Hau prévoit 3 zones : une zone réservée à la pêche artisanale, une zone ouverte à la pêche semi-industrielle et une zone de protection forte, interdite de pêche, afin de préserver la reproduction du thon obèse.

Le Président Fritch a fait des annonces au One Ocean Summit pour le zonage dédié à la pêche artisanale qui concerneront tous les archipels. Nous attendons de connaître les mesures spécifiques pour les îles Marquises.

En ce qui concerne la zone de protection forte, pour l’instant, seul le « sud-est » de la Polynésie sera concerné. Nous pourrions donc poursuivre notre collaboration avec le Pays afin d’étudier la possibilité de dédier une zone à la protection du thon obèse qui correspond à notre zone de protection forte des Marquises.

Vous avez l'air optimiste.

Tuanainai Narii: Oui. Les annonces du Président Edouard Fritch vont dans la bonne direction. Les maires des Australes sont prêts à participer à la définition de cette zone de protection forte et souhaitent désormais sa création officielle.

Benoit Kautai: J’ai envie de croire que notre dynamique y a contribué (aux mesures de protection annoncées par le Président Fritch). En tout cas, l’important est de saluer les engagements du Président du Pays qui répondent, en partie, aux objectifs que nous nous étions fixés avec le projet Te Tai Nui A Hau.

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