En Nouvelle-Calédonie, la créativité se met au service de la protection des océans
Une initiative accompagne des projets mettant en valeur la culture, les traditions et bien d’autres éléments qui dépendent de la préservation de l’océan
Les habitants de Nouvelle-Calédonie, un archipel français isolé du Pacifique Sud, comptent depuis longtemps sur un océan sain et prospère pour préserver leur mode de vie.
Le territoire possède la deuxième plus longue barrière de corail au monde, abritant des lagons foisonnants de vie, des coraux époustouflants et des milliers d’espèces marines. Une ressource importante sur les plans économique, social et culturel. Ce système récifal fournit aux Calédoniens du poisson pour se nourrir, protège les communautés côtières de l’impact des tempêtes et joue un rôle essentiel dans les traditions du peuple kanak, dont un grand nombre remonte à des milliers d'années.
Mais cet écosystème est confronté à bon nombre de menaces bien connues, de la pêche illégale à la pollution en passant par la montée du niveau de la mer en lien avec le changement climatique. C’est pourquoi le projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli a lancé en 2018, en collaboration avec des partenaires locaux, une initiative visant à faire émerger des nouvelles idées pour préserver la santé de l’océan.
Cette initiative, appelée les Trophées bleus, permet aux écoles, associations, particuliers et entreprises locales de proposer des projets pour faire progresser la conservation marine.
En 2021, des participants de chacune des trois provinces de Nouvelle-Calédonie ont présenté un total de 24 projets. Des jurys ont désigné six lauréats, et le public en a choisi un septième en ligne. Les Trophées bleus offrent une aide financière et technique pour soutenir des propositions innovantes qui sensibilisent aux problèmes rencontrés dans les eaux de Nouvelle-Calédonie ou qui encouragent les efforts de conservation marine.
Une des équipes gagnantes construira une pirogue traditionnelle à Poindimié, en Nouvelle-Calédonie. Véritable outil pédagogique, elle se transformera en exposition publique itinérante fournissant des informations sur la protection des océans et les valeurs traditionnelles.
Un autre projet, mené par un musicien local, consistera à transformer des déchets trouvés sur la plage en instruments de musique qui seront utilisés pour créer un album.
Un troisième projet prévoit une exposition sous-marine avec des totems en bois, réalisés par des sculpteurs locaux, représentant des espèces marines et symbolisant la relation entre la vie marine et la culture océanienne. L’équipe du projet prévoit d’exposer les totems dans un musée pendant quelques mois avant de les installer sous l’eau.
Les précédentes éditions des Trophées bleus ont donné lieu à plusieurs projets marquants. En 2019, 50 élèves de terminale ont organisé une session fictive des Nations unies au cours de laquelle ils ont négocié un traité pour la conservation de la biodiversité en haute mer. Objectif de l’exercice : sensibiliser aux questions de protection des océans à l’échelle mondiale.
La Nouvelle-Calédonie a besoin d’une protection renforcée de son environnement marin
La Nouvelle-Calédonie a pris des mesures majeures pour préserver l’océan. En 2014, elle a créé le parc naturel de la mer de Corail, une zone de gestion marine qui s’étend sur l’ensemble de sa zone économique exclusive (ZEE). En 2018, elle a créé des aires marines protégées (AMP) pour cinq récifs éloignés s’étendant sur 28 000 km².
Avec les Trophées bleus et ses autres projets, le programme Héritage des océans de Pew et Bertarelli continue d’œuvrer pour que la Nouvelle-Calédonie protège davantage ses eaux en créant des aires marines hautement protégées au sein du parc naturel de la mer de Corail.
La création d’une vaste AMP dans la ZEE de la Nouvelle-Calédonie serait particulièrement bénéfique, car elle serait reliée au parc marin australien de la mer de Corail, offrant une protection contiguë sur un habitat essentiel pour des espèces sédentaires comme migratrices. Les données scientifiques prouvent que les AMP entièrement protégées et bien gérées restent le meilleur outil pour préserver la biodiversité et les écosystèmes.
En outre, relier ces deux parcs aiderait la Nouvelle-Calédonie à renforcer sa contribution à la recommandation de l’Union internationale pour la conservation de la nature, qui invite les gouvernements du monde entier à protéger 30 % des habitats océaniques d’ici 2030. Une telle action montrerait également la volonté conjointe du territoire et de l’Australie de protéger l’environnement marin dans le Pacifique Sud.
Christophe Chevillon dirige les travaux du projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli en Nouvelle-Calédonie.