Les îles Australes de Polynésie française proposent des mesures pour protéger leur océan

Bénéficiant d’un large soutien de la population, les maires appellent à la création d’une grande réserve marine

Les îles Australes de Polynésie française proposent des mesures pour protéger leur océan
© 2016 The Pew Charitable Trusts

Les élus représentant les îles Australes de Rimatara, Raivavae, Rapa et Tubuai se sont rencontrés en septembre 2015 à Papeete (Tahiti) pour discuter du projet de réserve marine.

Les cinq îles habitées de l’archipel des Australes en Polynésie française – Rimatara, Rurutu, Tubuai, Raivavae et Rapa – se sont unies pour proposer au gouvernement central de Tahiti la création dans leur espace maritime d’une grande réserve marine hautement protégée. Si elle est approuvée par le gouvernement, la réserve pourrait être la plus vaste au monde avec une superficie possible d’un million de kilomètres carrés. L’établissement de ce sanctuaire dans le Pacifique sud permettrait de promouvoir la culture et le patrimoine uniques des îles Australes bien au-delà des frontières de l’archipel et de la Polynésie française.

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L’espace maritime de Polynésie française forme la plus grande zone économique exclusive (ZEE) au monde d’un seul tenant, avec près de 5 millions de kilomètres carrés. Équivalant en taille à la superficie terrestre de l’Union européenne, cette étendue marine entoure cinq archipels : les îles Australes, les îles de la Société, les îles Marquises, les îles Tuamotu et les îles Gambier. Les eaux des Australes couvrent près d’un cinquième de la ZEE, soit environ 1 million de kilomètres carrés.

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La protection des eaux encore préservées des îles Australes au moyen d’une grande réserve marine pourrait contribuer à préserver les populations de poissons pélagiques comme le thon, le marlin et le mahi-mahi (ci-dessus), en favorisant la pêche durable de ces espèces en dehors de l’aire protégée.

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La Polynésie française s’est engagée en 2013 à protéger au moins 20 % de son espace maritime d’ici 2020. En 2014, les conseils municipaux des îles habitées de l’archipel des Australes ont approuvé une résolution demandant la « création d’une grande réserve marine dans la ZEE des Australes au-delà des zones de pêche traditionnelle des îles ». La création de cette réserve permettrait à la Polynésie française de remplir son engagement et de contribuer à atteindre les objectifs de la communauté scientifique internationale qui recommande de protéger au moins 30 % des habitats marins de la planète.

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En raison de l’isolement relatif des îles Australes, un grand nombre d’espèces vivant dans les eaux de l’archipel ne se retrouvent nulle part ailleurs. Ainsi, plus de 20 % – soit 98 espèces – des 455 espèces de mollusques qui y vivent sont endémiques. L’archipel héberge également 3 espèces de tortues marines, 10 espèces de mammifères marins, 14 espèces de requins, 4 espèces de raies et 60 espèces de poissons pélagiques. Dans les eaux de Rapa uniquement, on dénombre 112 espèces de coraux, 150 espèces d’algues et 383 espèces de poissons côtiers, dont 10 % ne se rencontrent nulle part ailleurs.

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Plusieurs espèces emblématiques peuplent les îles Australes, parmi lesquels le requin des Galápagos, la baleine à bosse qui revient chaque année au large des côtes et la tortue verte qui nidifie sur différentes îles. La création d’une réserve marine favoriserait la protection du patrimoine naturel et culture polynésien ainsi que le développement de l’écotourisme.

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Le patrimoine culturel des îles Australes est étroitement lié à l’océan. Des espèces emblématiques – comme les tortues marines, les requins ou les baleines – jouent un rôle central dans les récits traditionnels des communautés insulaires. Cet héritage se retrouve dans les noms donnés aux lagons, aux terres et aux récifs. Dans la culture locale, l’île de Raivavae représente une baleine, tandis que Tubuai évoque la tête d’une pieuvre dont les tentacules s’étendent vers les cinq autres îles.

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De nos jours, la pêche industrielle est pratiquée dans environ 40 % de l’espace maritime de Polynésie française. Elle est pratiquée par des pêcheurs Polynésiens qui n’emploient pas de technologies destructrices telles que la senne ou le chalut. En Polynésie française, quelque 3 millions de kilomètres carrés ne sont pas exploités par la pêche industrielle. C’est notamment le cas des eaux au sud des îles Australes, à l’est des Tuamotu, autour des îles Gambier et autour des Marquises. Moins de 2 % de la pêche industrielle de Polynésie française est pratiquée dans les eaux des Australes. Les pêcheurs côtiers locaux utilisent des méthodes traditionnelles (comme dans l’image ci-dessus) afin de couvrir les besoins alimentaires des îles.

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La tradition polynésienne du rāhui, qui consiste généralement en une interdiction de la pêche dans une zone spécifique, vise à protéger certaines espèces et certains écosystèmes marins. La création d’une grande réserve marine hautement protégée autour des îles Australes préserverait cette tradition ancestrale et l’étendrait au large.