Selon Pew, il est plus qu'urgent de créer un réseau d'aires marines protégées en Antarctique

Les 25 États membres de la CCAMLR sont appelés à respecter leur engagement de 2002

Selon Pew, il est plus qu'urgent de créer un réseau d'aires marines protégées en Antarctique

© John B. Weller

WASHINGTON : The Pew Charitable Trusts a demandé aujourd'hui aux 25 États membres de la Commission pour la conservation de la faune et la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR) de poursuivre leurs efforts en vue de la création d'un réseau d'aires marines protégées (AMP) dans l'océan Austral autour de l'Antarctique.

En octobre, la Commission a décidé par consensus de désigner la plus grande aire marine protégée au monde, à savoir l'AMP de la région de la mer de Ross dont la superficie est égale à deux fois celle du Texas. Cet accord interdit la pêche commerciale sur une zone de plus de 2 millions de kilomètres carrés, englobant notamment les eaux situées sous la barrière de glace de Ross. L'AMP protégera également l'habitat des 1 million de couples de manchots Adélie qui nichent dans la région, ainsi que de milliers d'autres espèces. 

Si cet exemple historique de coopération internationale constitue l'une des plus importantes victoires pour la protection des océans, il n'est que la première étape vers la réalisation de l'engagement pris en 2002 par les États membres de la CCAMLR pour créer un réseau plus vaste d'AMP.

Andrea Kavanagh, qui dirige les travaux de Pew sur l'Antarctique et l'océan Austral, a déclaré :

« La création de l'AMP de la mer de Ross constitue l'une des avancées les plus importantes jamais obtenues à la CCAMLR et établit un précédent dans le domaine de la protection des océans. L'occasion est maintenant donnée à la CCAMLR de consolider sa contribution aux efforts de conservation en classant d'autres aires marines protégées, dont la mer de Weddell et les eaux de l'Antarctique oriental. 

Nos océans subissent des changements. Des records de température sont relevés chaque année, et la pêche industrielle continue de vider les eaux marines d'espèces essentielles à l'équilibre du réseau trophique. Le continent Antarctique et l'océan Austral, qui représentent 10% de la surface du globe, ne sont pas à l'abri de ces changements, malgré leur éloignement. En effet, des analyses scientifiques récentes indiquent que la zone est touchée par le déclin de certaines espèces au même rythme que le reste de la planète.

Cette situation souligne l'impératif pour la CCAMLR d'agir rapidement dans le but de préserver l'immense région côtière de l'Antarctique oriental, importante sur le plan écologique, et reconnue pour la spécificité tant des organismes vivant dans ses profondeurs que de sa géographie formée de canyons, gorges et montagnes sous-marines. La création de réserves marines à l'abri de toute pêche commerciale dans l'Antarctique oriental protégerait les colonies de manchots Adélie et permettrait d'intensifier la recherche sur les effets du changement climatique dans la région. 

La mer de Weddell abrite un autre écosystème intact au sein de l'océan Austral, ainsi qu'un tiers des nichées de manchots empereurs. Les nombreuses baies profondes formées par le littoral tourmenté et les particularités uniques des fonds marins font naître des courants riches en nutriments qui parcourent toute la planète. Par ailleurs, la région est recouverte par la banquise pratiquement toute l'année, mais des études récentes ont révélé que la hausse de la température des océans et les modifications des courants entraînent une rupture de la barrière de glace et une élévation du niveau des océans. 

Des mesures de protection marine seront aussi nécessaires à l'avenir dans la péninsule Antarctique où, depuis des décennies, les flottes de pêche commerciale se concentrent presque exclusivement sur le krill, menaçant ainsi directement les réserves de nourriture et l'habitat dans les zones de reproduction et d'alimentation des manchots. Le krill constitue le cœur de la chaîne alimentaire de l'océan Austral. Un réseau d'AMP garantirait la pérennité de cette ressource essentielle pour les manchots et les autres espèces dans tout l'océan Austral.

La création d'autres AMP dans l'océan Austral permettrait également aux espèces marines de se déplacer entre les différentes aires protégées pour se reproduire et chercher de la nourriture, tout en préservant le lien entre les nombreux écosystèmes uniques présents dans l'ensemble de la région. Un réseau d'AMP garantirait la préservation de ces régions intactes et riches en biodiversité à des fins scientifiques et conservatoires. De plus, la zone globale couverte par un réseau d'AMP contribuerait de façon significative à l'objectif de protéger 30% de l’océan au niveau mondial.

La réunion annuelle de la CCAMLR en octobre sera l'occasion de délimiter des réserves marines libres de toute pêche commerciale dans l'Antarctique oriental et la mer de Weddell. Le temps presse : il faut mettre en place des protections qui contribuent à garantir la bonne santé de l'écosystème marin. »

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