Foire aux questions
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- Questions sur l'analyse du commerce mondial
- Questions générales sur le thon rouge
- Questions sur l'ICCAT
- Questions sur les filets dérivants italiens
Analyse Du Commerce Mondial
Q : En quoi consiste cette analyse du commerce et en quoi était-elle nécessaire ?
R : Réalisée par Roberto Mielgo Bregazzi, spécialiste indépendant du thon rouge basé à Madrid, cette analyse offre une vision complète du marché mondial du thon rouge de l'Atlantique Nord-Est et de Méditerranée. Mielgo a utilisé une méthodologie qu'il a lui-même développée pour comparer la quantité de thons rouges commercialisée sur le marché mondial à la quantité qui devrait être commercialisée, en se basant sur les limites de capture officielles, ou quotas, lesquelles sont déterminées par la Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA/ICCAT). Le Pew Environment Group a commandé ce rapport afin d'examiner si les mesures récentes en matière de gestion et de mise en conformité adoptées par l'ICCAT ont été efficaces dans la réduction de la quantité de captures illicites et non déclarées de thon rouge dans l'Atlantique Nord-Est et en Méditerranée.
Q : De quelle manière cette analyse a-t-elle été réalisée ?
R : L'auteur a rassemblé des données commerciales officielles issues du monde entier, y compris les données relatives à l'importation et à l'exportation de l'Union européenne, des États-Unis, du Japon et de la Croatie. Ensuite, il a converti ces données relatives à l'importation et à l'exportation en « poids vif arrondi » – à savoir le poids d'un poisson au moment de sa capture – en utilisant différents facteurs de conversion reconnus par le secteur industriel. Ces informations ont alors été comparées aux quotas officiels de l'ICCAT (exprimés en tonnes de « poids vif arrondi ») afin de calculer la quantité de thons rouges capturés au-delà des quotas annuels établis par l'ICCAT.
Q : Quels sont les résultats de cette analyse ?
R : L'analyse a mis en évidence que, même si les quotas de thon rouge ont été réduits ces dernières années et si les captures diminuent de manière générale, l'écart entre la quantité de thons méditerranéens qu'il est permis de capturer et la quantité de thons réellement capturés s'est creusé de manière significative.
En 2008, la quantité de thons rouges commercialisés sur le marché mondial dépassait les quotas de 31 %.
En 2010, ce pourcentage est passé à 141 % au-dessus des quotas.
En 2009 et en 2010, les données combinées du thon commercialisé et du thon capturé représentaient plus du double des quotas autorisés. Le poids de cette pêche illicite ou non déclarée – 35 000 tonnes – équivaut à 193 jumbo-jets ou 2 917 éléphants d'Afrique.
Q : Comment l'auteur évite-t-il le double comptage de thons rouges qui pourraient, par exemple, être réexportés dans une même année calendrier ?
R : Il est exact que le thon rouge peut changer plusieurs fois de main et traverser différents pays avant de finalement atteindre l'assiette d'un consommateur. Afin d'éviter le double comptage, l'auteur a utilisé uniquement des données commerciales relatives à l'importation, l'exportation ou la réexportation finale du thon. Le commerce de produits à valeur ajoutée à base de thon (tels que les sushis préparés) était exclu de ces données, étant donné que ces produits proviennent de poissons déjà comptabilisés dans les documents relatifs à l'importation et à l'exportation.
Q : Qu'en est-il des réserves nationales de thon ?
R : Étant donné que cette analyse s'attache uniquement au commerce international, toutes les réserves nationales de thon rouge (principalement au Japon et dans d'autres pays d'Asie) ont été prises en compte à la date à laquelle les thons ont été introduits pour la première fois dans leur pays de destination finale. D'après l'auteur, les réserves nationales de thon rouge sont destinées strictement à une consommation nationale, elles ne sont pas réexportées.
Q : De quelle façon l'élevage de thon rouge influence-t-il cette analyse ?
R : L'élevage est une pratique très répandue dans les pêcheries de thon rouge de la Méditerranée et implique la capture et le transfert de thons rouges dans de larges filets flottants dans lesquels ils sont nourris et engraissés pendant une période pouvant aller jusqu'à deux ans. Des facteurs de conversion ont été utilisés afin de convertir les thons rouges d'élevage en poids qu'ils faisaient au moment de leur capture de manière à compenser le processus d'engraissement – et obtenir ainsi une vision plus précise du nombre de poissons capturés et commercialisés chaque année. Certains élevages et laboratoires ont investi du temps et de l'argent dans la reproduction de thon rouge en captivité, mais il n'y pas eu de reproduction à l'échelle commerciale en Méditerranée.
Q : Combien de temps les thons rouges restent-ils dans les élevages ? Ceci affecte-t-il les résultats de l'analyse ?
R : En Espagne et à Malte (les pays qui possèdent les plus grands élevages de la Méditerranée en termes de capacité), les thons rouges restent dans les élevages pour une durée allant de quelques semaines à quelques mois. Les poissons d'élevage sont, la plupart du temps, vendus endéans l'année calendaire et, dans le cadre de cette analyse, l'auteur a considéré que les thons rouges d'élevage signalés comme étant commercialisés au cours des deux premiers trimestres de l'année ont été capturés l'année précédente.
Q : Qu'en est-il du mauvais étiquetage de thons rouges sous le nom d'une autre espèce afin de contourner la documentation légale qui doit accompagner le poisson tout au long de la chaîne d'approvisionnement ?
R : Selon l'auteur du rapport, une grande part de la fraude dans la chaîne d'approvisionnement du thon se produit au niveau de la vente finale – par exemple, en raison des documents légalement requis pour le commerce du thon rouge, celui-ci peut être importé en tant que thon albacore puisque ce dernier est plus facile et moins cher à importer. Une fois que le thon parvient chez un détaillant ou sur le marché, il peut être à nouveau étiqueté en tant que thon rouge afin d'être vendu à un prix plus élevé. D'après Mielgo, il est probable que des thons rouges ont été vendus de cette manière sur le marché, on peut cependant les considérer comme faisant partie du marché noir puisqu'ils n'ont pas été répertoriés dans une base de données commerciale officielle lorsqu'ils ont été introduits pour la première fois dans leur pays d'origine.
Q : Que peut-on faire en ce qui concerne l'écart entre le commerce international et les quotas définis par l'ICCAT ?
R : Les pays membres de l'ICCAT devraient tenir leur engagement de mettre en œuvre un système de documentation électronique des captures de thon rouge de Méditerranée. Ce système accroîtrait la responsabilité, réduirait la fraude et permettrait un suivi et un comptage plus rapide et plus efficace des thons rouges capturés chaque année. L'aspect le plus avantageux d'un tel système électronique se situe à l'étape de vérification – le thon rouge ne pourra pas remonter la chaîne d'approvisionnement sans que les informations déclarées n'aient été validées par les autorités compétentes. Par exemple, en Méditerranée, chaque navire de pêche à senne coulissante se voit attribué un quota. Si un navire devait excéder son quota durant une saison de pêche, le système alerterait immédiatement les autorités. Un système électronique pourrait également inclure un code-barres sur support physique, permettant de suivre le poisson sur le marché. Une obligation d'utiliser des systèmes de vidéos stéréoscopiques, utilisant deux caméras afin de compter le nombre de thons rouges transférés vers un lieu d'élevage, fournirait également des informations plus précises quant au nombre de poissons capturés.
Q : Les nations de pêche sont-elles conscientes de cet écart ? Que font-elles pour remédier à ce problème ?
R : Les pays membres de l'ICCAT ont fait des progrès ces dernières années afin de réduire le nombre total de captures dans la Méditerranée en réduisant les quotas et la capacité des navires, ainsi qu'en améliorant les mesures de surveillance et de contrôle. Ils ont également renforcé l'interdiction des avions de repérage, utilisés afin de localiser des bancs de thon rouge depuis le ciel. Étant donné que l'écart existe et qu'il se creuse, il est nécessaire d'en faire plus – à commencer par le développement et la mise en œuvre d'un système de documentation électronique des captures.
Questions générales sur le thon rouge
Q : Que doit-on savoir sur le thon rouge de l'Atlantique ?
R : Le thon rouge est un des poissons les plus remarquables au monde. Il pèse jusqu'à 700 kg, migre d'un bord à l'autre de l'Atlantique – soit une distance de plus de 7 700 km – en l'espace d'un mois, et peut plonger à des profondeurs supérieures à 1 000 m. Comme nous, le thon rouge a le sang chaud. Lorsque ce thon traverse l'Atlantique, sa capacité à réguler sa température corporelle lui permet de survivre à toute une série de conditions et de profondeurs. Il existe trois espèces de thon rouge : thon rouge de l'Atlantique, du Pacifique ou du Sud.
Q : Pourquoi le thon rouge est-il important ?
R : Le thon rouge de l'Atlantique est ce que les scientifiques et les écologistes appellent un « superprédateur ». Il s'agit d'une espèce qui occupe une place importante dans le réseau trophique de l'océan : il est en haut de la chaîne alimentaire, maintenant ainsi les autres espèces dans certaines limites. Outre les nombreuses autres espèces de poissons et d'animaux marins qui dépendent du thon rouge pour préserver la stabilité de l'océan, les pêcheurs – sportifs et commerciaux – dépendent du thon rouge pour la poursuite de leur activité. Des traditions culinaires nombreuses et variées de différentes régions du monde dépendent également, directement et indirectement, de la durabilité du thon rouge.
Q : Peut-on trouver le thon rouge dans nos supermarchés ou au restaurant ?
R : Le thon rouge est un ingrédient recherché pour la préparation des sushis, mais il est rarement vendu dans les supermarchés. Vous le rencontrerez généralement comme l'un des plats les plus chers au menu de restaurants hauts de gamme proposant des sushis, ou en tant que spécialité régionale en France, en Espagne ou en Italie. L'essentiel du thon rouge capturé dans le monde est destiné au Japon, plus grand importateur de thon rouge au monde, avec près de 80 % des thons commercialisés dans le monde.
Q : Quels sont les problèmes relatifs au thon rouge ?
R : Une pression halieutique ininterrompue sur ces créatures autrefois abondantes les a poussées au bord de l'effondrement. Ces animaux marins ont été surpêchés pendant des décennies du fait de la demande croissante – et mondialisée – en sushis. Dans l'Atlantique Ouest, la population s'est effondrée il y a 30 ans, conduisant l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) à classer ce poisson comme « menacé ». Les grands thons rouges qui retournent se reproduire dans le golfe du Mexique, une zone de frai bien connue pour la population occidentale, sont tués accidentellement par des navires équipés de palangres et ciblant le thon albacore et l'espadon. Dans la pêcherie méditerranéenne du thon rouge, l'essentiel de ces poissons sont capturés par des navires à senne coulissante qui utilisent un grand filet pour encercler des bancs entiers de thon rouge et les remorquer vers des élevages où ils sont engraissés avant d'être abattus. Les pays de la Méditerranée sous-déclarent, font de fausses déclarations ou omettent complètement de déclarer leurs captures, comme le montre un récent rapport publié par le Pew Environment Group. Cette analyse du commerce international de thon rouge de Méditerranée indique que, en 2009 et 2010, les poissons effectivement commercialisés sur le marché mondial correspondaient au double du quota adopté par les pays de pêche.
Q : Qui sont les principaux pays de pêche au thon rouge, et quels sont les principaux pays consommateurs ?
R : La France, l'Espagne, l'Italie et Malte sont les principaux pays pêchant le thon rouge en Méditerranée. Le plus grand consommateur est, de loin, le Japon, suivi par les États-Unis et l'Union européenne : près de 80 % du thon rouge capturé en Méditerranée est envoyé au Japon.
Q : Comment le thon rouge de Méditerranée est-il capturé ?
R : L'essentiel de la pêche pratiquée dans l'Atlantique Est est le fait de navires de pêche à senne coulissante. Les sennes coulissantes sont de grands filets flottant à la verticale (constitués de monofilament) que les navires utilisent pour encercler des bancs de poissons. Chaque filet peut faire jusqu'à 1,5 km de long. Lorsque les poissons sont pris dans le filet, le filet est resserré par le bas, formant ainsi une sorte de bourse. Les captures des senneurs servent à approvisionner les plus de 60 élevages de poissons de la Méditerranée. Une pêche traditionnelle à l'aide de pièges existe également en Méditerranée : c'est la tonnara en italien, la madrague en français, l'almadraba en espagnol et l'armação en portugais. Les pêcheurs créent un dédale complexe de filets qui capturent et encerclent les thons rouges durant leur saison de frai. Ces pièges ont été utilisés en Méditerranée pendant des milliers d'années, mais la montée en puissance de la pêche industrielle à la senne coulissante a fait du tort à ces méthodes traditionnelles et artisanales. Il existe également une petite flotte de palangriers en Méditerranée et dans l'Atlantique Est. Ainsi qu'une pêche illicite au filet dérivant en Italie qui cible le thon rouge et l'espadon.
Que doit-on savoir sur l'iccat?
Q : Qu'est-ce que l'ICCAT ?
R : La Commission internationale pour la conservation des thonidés de l'Atlantique (CICTA/ICCAT) est une organisation régionale de gestion des pêches (ORGP) créée en 1966 pour gérer les thons et autres espèces similaires migrant dans l'océan Atlantique. Étant donné que le thon rouge et d'autres espèces hautement migratoires traversent la haute mer et les zones économiques exclusives de nombreux pays, une coopération internationale au sein d'une ORGP est impérative pour gérer avec efficacité ces espèces. Tous les deux ans, des scientifiques et des fonctionnaires gouvernementaux se rencontrent afin de fixer les limites de capture pour les populations de thon rouge de l'Atlantique Est et Ouest. Cette année, l'ICCAT examine l'efficacité de son système de mise en conformité et, l'an prochain, elle devrait réévaluer le statut des populations de thon rouge de l'Atlantique Est et Ouest et allouer de nouveau des quotas aux différents pays de pêche.
Q : Qui est actuellement membre de l'ICCAT ?
R : L'ICCAT compte actuellement 48 parties contractantes : l'Afrique du Sud, l'Albanie, l'Algérie, l'Angola, la Barbade, le Belize, le Brésil, le Canada, le Cap-Vert, la Chine, la Corée du Sud, la Côte d'Ivoire, la Croatie, l'Égypte, les États-Unis, la France, le Gabon, le Ghana, le Guatemala, la Guinée, l'Islande, le Japon, la Libye, le Maroc, la Mauritanie, le Mexique, la Namibie, le Nicaragua, le Nigeria, la Norvège, le Panama, les Philippines, le Royaume-Uni, la Russie, Saint-Vincent-et-les-Grenadines, le Sénégal, la Sierra Leone, la Syrie, Trinidad-et-Tobago, la Tunisie, la Turquie, l'Union européenne, l'Uruguay, Vanuatu et le Venezuela.
Q : Qu'est-ce que Pew propose de faire au sujet des problèmes relatifs au thon rouge de Méditerranée ?
R : Dans le cadre de sa campagne, le Pew Environment Group demande aux pays de pêche membres de l'ICCAT de tenir leur engagement de mise en place d'un système électronique de documentation des captures pour le thon rouge de Méditerranée. Il insiste également pour qu'ils recherchent enfin une solution à la question des filets dérivants illégaux utilisés en Méditerranée pour capturer le thon rouge.
Q : Qu'est-ce qu'un système de documentation des captures ?
R : En 2007, l'ICCAT a décidé de mettre en œuvre un système de documentation des captures sur support papier. Le document de capture du thon rouge (BCD) suit le poisson de sa capture à sa commercialisation sur le marché mondial en passant par le transport et l'élevage. Même si le BCD sur support papier constitue une première étape nécessaire pour corriger les impacts de la pêche INDNR, le système doit être renforcé afin de mieux détecter la fraude et de prévenir la pêche et le commerce illicites.
Q : Quels sont les problèmes du système BCD actuel ?
R : Malheureusement, le BCD sur support papier n'a pas permis de résoudre complètement les problèmes de pêche INDNR. Des documents imprimés peuvent être facilement modifiés ou contrefaits, ce qui permet la pénétration sur le marché de poissons capturés de manière illicite. Une récente analyse du commerce du thon rouge a montré que les captures non déclarées ou frauduleuses représentaient plus de 50 % de la quantité totale de thon rouge commercialisé en 2010. Les documents sur support papier freinent également la collecte et la déclaration des données, entravant ainsi la gestion de l'espèce et l'application effective des quotas. En novembre 2010, des informations essentielles manquaient encore dans la base de données BCD de l'ICCAT pour 75 % des captures réalisées en 2008 et 2009 par des senneurs.
Q : Que propose Pew en réponse à la difficulté de suivre le thon rouge ?
R : Les pays de l'ICCAT doivent remplacer le système actuel sur support papier par un système électronique. La documentation électronique des captures est déjà utilisée dans la pêche à la légine australe (ou bar du Chili), gérée par une autre organisation régionale de gestion des pêches : la Convention sur la conservation de la faune et de la flore marines de l'Antarctique (CCAMLR). Une e-BCD qui couvre tous les thons rouges capturés, élevés, récoltés et commercialisés réduirait la fraude en imposant une validation électronique par les autorités appropriées à chaque maillon de la chaîne d'approvisionnement. Un tel système augmenterait également le respect des quotas, étant donné qu'un poisson ne pourrait passer au maillon suivant de la chaîne d'approvisionnement tant que les informations n'auraient pas été vérifiées. Cela permettrait également la déclaration plus précise et à temps des données sur les captures, puisque les informations seraient rapidement transmises vers une base de données centrale, au lieu d'y être entrée manuellement comme l'impose actuellement le système sur support papier.
Q : Quels sont les derniers quotas pour le thon rouge de l'Atlantique Ouest ?
R : Quota pour 2009 : 1 900 tonnes/Quota pour 2010 : 1 800 tonnes/Quota pour 2011 : 1 750 tonnes
Q : Qu'en est-il de l'Atlantique Est ?
R : Dans l'Atlantique Est, de 2003 à 2006, les quotas ont été fixés à 32 000 tonnes.
2007 : 29 500 tonnes (ce qui représentait en réalité le double de la quantité recommandée par les scientifiques, la pêche illicite faisant monter le total estimé des captures à 61 000 tonnes).
2008 : 28 500 tonnes
2009 : 22 000 tonnes
2010 : 13 500 tonnes
2011 : 12 900 tonnes
Le rapport de Pew intitulé Le Grand Écart montre que ces quotas ont été largement dépassés, notamment en 2009 et 2010, après que les quotas ont été restreints et les mesures de mise en conformité renforcées.
Q : En quoi consiste l'élevage de thons ?
R : L'élevage est une pratique qui consiste à encercler des bancs entiers de thon rouge au moyen d'une senne coulissante, puis de les transférer dans une cage flottante qui est lentement remorquée vers un lieu d'élevage fixe. Les poissons sont ensuite nourris et engraissés pendant plusieurs mois avant d'être abattus et vendus. Les thons rouges destinés aux élevages sont la plupart du temps des juvéniles qui n'ont pas encore eu la possibilité de se reproduire.
Q : À quelle échelle se pratique la pêche au thon rouge illicite ou non déclarée ?
R : L'utilisation de bases de données commerciales internationales permet de se rendre compte que les captures estimées de thon rouge de l'Atlantique effectuées en Méditerranée ont fait l'objet d'importantes sous-déclarations entre 1998 et 2010. On estime à 61 000 tonnes la quantité de thons rouges de l'Atlantique réellement capturés en 2007 en Méditerranée, en dépit du fait que la limite de capture avait été fixée à 29 500 tonnes (quota qui, déjà, représentait le double des recommandations scientifiques pour un quota viable). En 2010, la quantité de thon rouge de Méditerranée commercialisé dépassait le quota légal fixé par l'ICCAT de 141 %.
Q : Quels sont les « pires » acteurs en ce qui concerne le thon rouge de l'Atlantique ?
R : Il n'existe pas de « pire » acteur : c'est malheureusement l'ensemble du système qui est en tort. L'ICCAT est un simple conglomérat de pays individuels qui peuvent souvent se cacher derrière cet acronyme. Ces dernières années, la Commission a désigné des pays individuels qui ne se sont pas conformés à leurs obligations dans le cadre de l'ICCAT. En 2009, 42 des 48 pays membres de l'ICCAT ont été identifiés comme non respectueux de ces obligations. Il est stupéfiant de constater que 85 % des pays membres n'ont pas déclaré correctement leurs données de captures. Le fait que ces données soient incomplètes en ce qui concerne la quantité de thons rouges tués par la pêche entrave le travail des scientifiques chargés de fournir des recommandations aux gestionnaires de la pêche sur les niveaux de captures appropriés.
Que doit-on savoir sur les filets dérivants italiens ?
Q : Qu'est-ce que les filets dérivants ?
R : Les filets dérivants, comme leur nom l'indique, donnent l'impression d'être une méthode de pêche relativement inoffensive. Mais n'importe quel biologiste marin vous dira que cet engin nuit de façon surprenante aux êtres vivants de nos océans. Les filets dérivants sont maintenus en surface ou en dessous du niveau de la mer grâce à des dispositifs flottants. Ils peuvent faire plusieurs kilomètres de long.
Q : En quoi présentent-ils un problème ?
R : En fonction du maillage, ils peuvent piéger, et souvent tuer, tout ce qui nage à proximité, y compris les tortues de mer, les dauphins, les baleines, les espadons et les thons. La plupart des pays ont reconnu depuis longtemps que les filets dérivants nuisent à bien trop d'espèces marines pour accepter le maintien de ce type de pêche. Les Nations unies les ont interdits en haute mer en 1993 ; l'Union européenne a suivi en 2002. En 2003, l'ICCAT a interdit l'utilisation des filets dérivants pour la pêche au thon et à l'espadon. Toutefois, la pêche (illicite) au filet dérivant est encore activement pratiquée en Méditerranée, surtout en Italie. Les pêcheurs turcs et marocains utilisent également cette méthode de pêche aveugle.
Q : Que doit faire l'ICCAT pour résoudre le problème des filets dérivants ?
R : Les déficiences de la législation italienne doivent être corrigées et la ferrettara (type de filet dérivant côtier autorisé par l'Italie pour cibler les petites espèces côtières mais utilisé de manière illicite pour cibler le thon rouge et l'espadon) doit être interdite. C'est déjà le cas pour la spadara, filet dérivant de haute mer. Pew demande instamment à l'ICCAT d'inscrire les navires italiens réputés s'être livrés à des activités de pêche illicite au filet dérivant sur sa liste de navires INDNR, pour ainsi contribuer à faire cesser le gaspillage que représente l'utilisation des filets dérivants en Méditerranée.
Q: Quelle différence permettrait de faire une telle liste ?
R : En les inscrivant sur sa liste noire, l'ICCAT demanderait à ses pays membres de refuser à ces navires l'entrée dans leurs ports, rendant plus difficile le débarquement des thons et espadons de contrebande pour les opérateurs qui agissent dans l'illégalité. Ces navires seraient également plus facilement reconnaissables par les responsables de l'application de la réglementation, puisqu'ils figureraient sur une liste noire reconnue et partagée par l'ensemble des pays méditerranéens.