Protection de l’environnement marin de la Nouvelle-Calédonie 2015

Les avantages de la création d’une vaste réserve marine hautement protégée

Protection de l’environnement marin de la Nouvelle-Calédonie 2015

Cette carte a été mise à jour le 7 juillet 2020 et se trouve ici.

En bref

Les océans jouent un rôle essentiel dans la préservation de la vie sur Terre. Couvrant près de 75 % de la surface terrestre, ils abritent environ un quart des espèces connues, sans compter de nombreuses autres qui restent à découvrir. Ils assurent la survie de milliards d’êtres humains et d’innombrables espèces sauvages.

Mais aujourd’hui, les océans sont confrontés à de nombreuses menaces, dont la pêche industrielle, les déchets plastiques, le changement climatique, la surpêche et la pêche illicite. À l’échelle de la planète, près de 90 % des stocks de poissons sont pleinement exploités ou surexploités et 1 poisson sur 5 pêché est capturé illégalement. Dans l’océan Pacifique, les populations de thon obèse ont été décimées. Ces tendances doivent être renversées pour protéger la biodiversité marine dans ces eaux et continuer d’assurer la subsistance de ceux qui en dépendent.

Il ne reste que quelques environnements marins sains, qui abritent une vie marine riche et variée justifiant la mise en œuvre de mesures de conservation. La création de vastes réserves marines hautement protégées permettrait de protéger ces sites à long terme.

La Nouvelle-Calédonie, un territoire français dans le Pacifique Sud, est l’un de ces sites encore intacts. Les eaux de la Nouvelle-Calédonie sont connues pour leur beauté naturelle, leur formidable biodiversité et leurs processus écologiques uniques. Elles possèdent une vie marine saine avec de nombreuses espèces de poissons et de coraux, l’un des plus vastes récifs coralliens au monde et l’un des plus grands lagons de la planète. Ces eaux abritent des écosystèmes préservés et d’importantes populations de grands prédateurs. Elles offrent aussi un habitat à de nombreuses espèces emblématiques et menacées.

En avril 2014, le gouvernement de Nouvelle-Calédonie a annoncé son souhait de créer une zone de gestion marine, le Parc naturel de la mer de Corail, qui couvre la totalité de la zone économique exclusive (ZEE) du territoire. La désignation d’une aire hautement protégée dans ce parc de près de 1,3 million de kilomètres carrés permettrait de protéger durablement les habitats marins de la région. En 2017, le gouvernement travaillait encore à la création d’un plan de gestion qui permettrait de délimiter les zones du parc et de déterminer comment ces zones seraient utilisées ainsi que leur degré de protection.

La Nouvelle-Calédonie a invité le projet Héritage des océans de Pew et Bertarelli à rejoindre le comité de gestion qui travaille à la création du Parc naturel de la mer de Corail. Parmi ses membres figurent des représentants d’institutions publiques et locales, d’organisations environnementales, de communautés locales, d’organisations non gouvernementales et du secteur privé.

Les avantages de la création d’une vaste réserve

Si les eaux de Nouvelle-Calédonie sont saines aujourd’hui, c’est grâce aux restrictions imposées aux grandes flottes de pêche et aux navires de chalutage aux effets dévastateurs. Mais compte tenu des pressions croissantes qu’exerce la pêche commerciale et industrielle sur les océans, la pérennité de cet environnement marin est menacée. La création de vastes réserves marines hautement protégées permettrait de veiller à la préservation de ces eaux pour les générations futures.

D’après les scientifiques, les aires marines protégées jouent un rôle essentiel dans la conservation des océans en préservant les habitats et en permettant au cycle de vie des espèces de s’achever, ce qui est également bénéfique aux espèces extrêmement mobiles ou migratoires, comme le thon, les baleines, les tortues et les requins. De plus, ces grandes réserves créent des opportunités pour les activités économiques respectueuses de l’environnement plutôt que pour les activités fortement extractives, comme la surpêche industrielle.

En Nouvelle-Calédonie, les récifs jouent aussi un rôle économique, social et culturel important. Six lagons et récifs coralliens ont été classés au Patrimoine mondial de l’UNESCO, ce qui atteste de leur valeur universelle.

C’est pourquoi Pew a émis la recommandation qu’au moins une vaste réserve marine hautement protégée soit incluse dans le Parc naturel de la mer de Corail. La pêche et toutes les activités d’extraction y seraient formellement interdites. La subsistance des pêcheurs locaux ne serait pas affectée puisqu’ils pourraient continuer de pêcher dans ces eaux. Ce niveau de protection favoriserait le développement d’écosystèmes marins sains et aiderait à préserver les eaux de Nouvelle-Calédonie pour les générations futures.

Sebastien Cote
Jean Re Reve
Jean Re Reve

Un immense héritage marin

La mise en place d’une vaste réserve marine hautement protégée dans la ZEE de la Nouvelle-Calédonie pourrait également aboutir au rapprochement du Parc naturel de la mer de Corail et du Parc marin de la mer de Corail en Australie. Leur contiguïté permettrait de protéger une immense zone géographique et de relier les sites inscrits au Patrimoine mondial de l’UNESCO qu’englobent ces deux ZEE. Leur rapprochement se traduirait par la création de la première aire marine protégée transfrontalière au monde, témoignant d’un engagement régional en faveur de la gestion de ces eaux et de la protection de l’environnement marin dans tout le Pacifique.

Le Parc naturel de la mer de Corail contribuerait largement à l’objectif de la France de protéger 20 % de ses eaux d’ici 2020. Les activités commerciales et industrielles d’extraction seraient interdites dans la moitié de ses eaux protégées.

La création d’une vaste réserve marine largement protégée contribuerait aussi à atteindre l’Objectif d’Aichi 11 des Nations unies, qui demande la protection de 10 % des zones marines et côtières de la planète d’ici 2020. Le Parc naturel de la mer de Corail ferait de la Nouvelle-Calédonie un modèle international de la conservation des océans. À ce jour, près de 15 % des zones terrestres sont protégées à l’échelle mondiale, alors que seuls 3 % des zones marines le sont.

Jean Re Reve

Éléments clés : l’environnement marin de Nouvelle-Calédonie

Liz Fraser

La protection des îles et des récifs sauvages

En août 2018, le gouvernement a placé sous haute protection les récifs de Chesterfield, Bellona, Astrolabe, Petrie et Entrecasteaux. Ce sont parmi les récifs et les îles les plus isolés de Nouvelle-Calédonie. Figurant sur la liste des derniers sites inaltérés de la planète, ils font partie de l’héritage océanique du territoire. Les scientifiques ont démontré que les récifs de Nouvelle-Calédonie possèdent une biomasse de poissons et une densité de requins bien plus grandes que 63 autres sites répartis dans 17 îles du Pacifique.

Les espèces marines

Près de 9 300 espèces marines ont été identifiées dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, dont 1 700 espèces de poissons, 48 espèces de requins, 27 espèces de mammifères marins, 32 espèces d’oiseaux marins et 4 espèces de tortues.1

Nombre d’espèces emblématiques et menacées nagent dans les eaux de Nouvelle-Calédonie, y compris des baleines à bosse, des dugongs, des grands requins, des tortues de mer, des raies manta, des napoléons, des serpents marins et des oiseaux marins. Ces espèces dépendent d’habitats sains pour se nourrir, nicher, se reproduire et migrer.

Christian Grondin
Bertrand Richer de Forges

Des écosystèmes profonds

Des études scientifiques ont mis en lumière la nature exceptionnelle des écosystèmes profonds de Nouvelle- Calédonie. Elles ont révélé une biodiversité très riche et la présence d’espèces auparavant inconnues, ainsi que d’espèces appartenant à des groupes anciens, tels le nautile ou le crinoïde fossile vivant, Gymnocrinus richeri, que l’on pensait éteints depuis 140 millions d’années. Les récifs profonds et les monts sous-marins sont des habitats riches et productifs pour certaines espèces que l’on ne rencontre nulle part ailleurs.

700000 couples d’oiseaux de mer nicheurs

La Nouvelle-Calédonie abrite une variété étonnante d’oiseaux marins, notamment des frégates, des macareux, des pétrels, des sternes et diverses espèces de fous. Parmi les 2,5 millions d’oiseaux qui vivraient sur le territoire, 700 000 couples nichent sur des îles éloignées. Ces îles sont internationalement reconnues comme des zones importantes pour la conservation des oiseaux.2 Le grand nombre d’oiseaux qu’elles abritent reflète la richesse naturelle de l’environnement marin et sa bonne santé.

Christian Grondin

Des récifs coralliens uniques

La Nouvelle-Calédonie possède la deuxième plus grande barrière de corail au monde et une variété remarquable de récifs coralliens. À ce jour, plus de 400 espèces de coraux y ont été identifiées. D’une longueur totale de près de 1 600 kilomètres, ce système unique de récifs coralliens entoure complètement l’île principale et comprend une double barrière de corail à certains endroits.

Bibliographie

  1. C. Payri, B. Richer de Forges et F. Colin, Compendium of Marine Species From New Caledonia, Institute of Research for Development (2007). http://nouvelle-caledonie.ird.fr/science-en-partage/editions/documents-scientifiques-et-techniques2/compendium-ofmarine-species-from-new-caledonia-second-edition.
  2. BirdLife International, « Endemic Bird Area Factsheet: New Caledonia » (2015). http://www.birdlife.org/datazone/ebafactsheet.php?id=201.

Cette fiche d’information a été mise à jour en septembre 2018 pour inclure les nouvelles zones protégées créées en 2018.