Un très bon moment
À BORD DU NAVIRE OCÉANOGRAPHIQUE BRAVEHEART – Le bruit court sur la possibilité d'une baignade au beau milieu de l'océan Pacifique Sud. C’est alors que certains de mes compagnons de voyage m’appellent : « Nous allons nager. Tu veux venir ? »
Baignade au milieu de l'océan.
Nous nous ruons donc sur nos maillots de bain. Puis les moteurs s’arrêtent pour permettre aux uns et aux autres de se lancer à l'eau.
Quelle sensation incroyable que de nager dans une eau profonde de presque 5000 mètres ! Nous sommes au beau milieu de nulle part, à au moins trois jours de toute terre à ce moment de notre voyage depuis la Nouvelle-Zélande vers les îles du sud de la Polynésie française. L'eau est d’une couleur incroyable : un bleu profond d’une clarté exceptionnelle.
Cette plongée dans l'océan nous donne aussi l’occasion de prélever les premiers échantillons de ce voyage. Des morceaux de pierre ponce, le plus grand de la taille d’une main, flottent autour de nous. Nous collectons quelques-uns de ces morceaux de roche volcanique et, à notre grand étonnement, nous y trouvons de la vie : des petits crabes, des bernacles, des vers tubicoles et autres. Nous réussissons à identifier l'espèce des crabes : Planes major. Nous conserverons quelques échantillons pour les étudier de manière plus approfondie une fois rentrés.
Crabes sur un morceau de pierre ponce.
Ces découvertes donnent matière à discussion à l'équipage qui s’interroge sur la présence de pierres ponces flottant au milieu de l'océan. Certains suggèrent que ces morceaux peuvent être les restes du grand radeau de pierres ponces qui s'est formé suite à l'éruption en 2012 du Havre, volcan sous-marin situé sur l’arc des Kermadec.
Nous ne pouvons pas affirmer l'origine de ces roches poreuses, mais si elles proviennent bien de ce mont sous-marin, ce serait tout simplement incroyable. Qu’une pierre ponce puisse dériver sur près de 3 200 km depuis son lieu de production démontre l'ampleur des courants qui animent l'océan Pacifique Sud.
Basée à Wellington, Nouvelle-Zélande, Amelia Connell travaille sur la campagne Héritage Mondial des Océans de Pew en vue d’établir une réserve marine dans les îles Kermadec.